32e dimanche dans l'anné" A

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Durant les trois derniers dimanches de l’année liturgique, nous allons parcourir les trois paraboles du chapitre 25 de l’évangile de saint Matthieu : les dix demoiselles d’honneur de la noce céleste, les talents et enfin le jugement dernier. Nous connaissons bien ce récit des jeunes filles insensées et prévoyantes que nous venons d’entendre à l’instant. Sans doute, quelque part, nous heurte-t-il, tant avons entendu qu’être chrétien c’est être gentil et de savoir partager.

Mais le texte n'est pas un discours moralisateur. Il rappelle simplement qu’il y a des choses qui ne se donnent pas. Je peux vous parler de l’amitié que je vis avec le Christ, je puis vous partager ma foi. Mais je suis incapable de les vivre à votre place. La relation à Dieu est avant tout une relation personnelle. Mais c’est à chacune et à chacun de vous de la chercher et surtout de la vivre.

« Le Royaume de Dieu est comparable à dix jeunes filles », nous dit Matthieu. Tout est dit discrètement et magnifiquement. Jésus laisse entrevoir une complainte : laissez le mystère de l’Amour fou de Dieu rejoindre votre cœur profond ! Ne vous dispersez plus dans l’éphémère et le futile ! Permettons au silence intérieur de s’établir en nous pour accueillir une Présence et nous tenir, dans une veille aimante, face à Elle. Soyons comme ces cinq demoiselles qui dorment « mais dont les cœurs veillent. » Devenons comme ces cinq sages dont s’allument la lampe des yeux quand, dans la nuit, retentit le cri : « Voici l’Époux ! » Comment garder le regard éteint quand nous découvrons au tréfonds de notre être la Présence de Celui qui nous regarde et qui nous aime ? Tant que nous gardons, en veillant dans la prière, la présence de Dieu dans notre vie, nous aurons assez d’huile pour alimenter le feu de notre amour. Et nous réjouir de la venue de l’Époux !

Ce regard qui permet de saisir le secret de la vie profonde, la Bible l’appelle la Sagesse, « resplendissante et inaltérable ». « Elle se laisse aisément contempler par ceux qui l’aiment. » Le visage de Dieu, tel qu’il se présente dans cette image de la Sagesse, est tout en douceur et tendresse, comme celui d’une mère qui frôle délicatement les cordes ténues de notre foi. Un Dieu qui n’est qu’Amour, qui en nous faisant découvrir à quel point nous sommes aimés, nous apprend à aimer. Car on a de l’huile en réserve que dans la mesure où nous nous sommes laissés rencontrer par Dieu dans la profondeur de la prière, nous nous mettons à rencontrer les autres avec plus de bonté, de miséricorde et de patience.

Veillons donc. Soyons prêts à aimer à tout moment dans la nuit du monde où le mal est puissant, dans la nuit de la foi dans laquelle nous cherchons la présence de l’Époux divin. Sachons la reconnaître dans ce repas eucharistique que nous vivons et « sortons à sa rencontre », lui qui se cache secrètement dans chacun des plus petits des hommes.

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